Les Clash et leur message

Publié le par Lauriane

 
Prise d’un élan punk ces derniers temps, j’ai cherché à en savoir plus sur le message et le parcours des Clash, groupe phare des seventies que nous connaissons tous plus ou moins.
Les Clash ont développé un style musical et une attitude politique très personnels, et ont le mérite d’avoir su rester fidèles à leurs idées, malgré une entrée dans le système commercial, inévitable.
 
Tout d’abord, un petit rappel sur la formation du groupe ne sera pas vain…
 

The Clash s’est formé à Londres en 1976 après la rencontre de Mick Jones, guitariste et Paul Simonon, bassiste, avec Joe Strummer qui deviendra le chanteur du groupe. Le mot " clash " signifie choc violent et sonore, expression consacrée pour définir la rupture de l’équilibre social. Fascinés par le son qu’inventaient les Sex Pistols, les leaders du groupe s’inspirent des même principes : un rock primaire et violent de trois accords, qui s’exprime au moyen d’un texte dénonciateur.

 

 

Dès leurs premières chansons, on remarque la volonté de révolte : " White Riot " (Révolte Blanche) se réfère aux incidents qui eurent lieu lors du Carnaval de Notting Hill à Londres, en 1976, durant lequel des centaines d’habitants noirs, originaires de la Jamaïque, se sont battus contre les forces de l’ordre. C’est une invitation faite aux Blancs à suivre l’exemple des émeutes noires. Dans une interview, Joe Strummer déclarait : " Mon seul but est d’être contre toute forme de racisme, de fascisme, de radicalisme et de patriotisme fanatique. ". Paradoxalement, le Front National anglais a apprécié " White Riot " parce qu’il s’est mépris sur son sens en raison du titre.
 
Nous sommes forcés d’admettre que le discours politique des Clash est bien plus élaboré que celui des autres groupes punks, il développe un raisonnement gauchiste sur la situation politique de son pays. Le groupe veut mener une lutte contre toute sorte d’oppression et souhaite un changement radical, en appelant surtout à l’action. Les Clash sont plus proches d’un socialisme anarchisant que du nihilisme des autres punks. Le combat politique du groupe apparaît à travers plusieurs occasions, notamment sa participation au festival Rock Against the Racism à Londres en 1978.
 
  • Signature d’un contrat avec CBS : trahison ou Cadeau ?
En 1977, les Clash signent un contrat avec la maison de disque CBS, ainsi de nombreux punks considèrent cet acte comme une trahison. En effet, c’est à cette période que les grandes compagnies de disques prennent conscience de l’importance du mouvement punk et ainsi des profits réalisables grâce au nouveau " marché de la jeunesse ". Il ne faut pas négliger qu’une société de ce type s’accompagne le plus souvent d’un droit de contrôle de celle-ci sur les textes, la musique, et l’image du groupe dans le but de commercialiser un maximum.
Mais pour un groupe débutant comme les Clash, sans ressources financières, cette entrée dans le show-biz constituait un moyen d’organiser des tournées, de produire des disques et de s’adresser à un public plus large. Ce contrat représentait aussi pour ce groupe (dans une situation économique précaire) deux ans de sécurité.
 
Mais les membres des Clash s’aperçoivent rapidement que cette sécurité limitait leur indépendance artistique, chose primordiale à leurs yeux. C’est pour aller contre ce risque qu’ils sortent, grâce au producteur Lee Perry, un 45 tours intitulé " Complete Control ", qui expose tous les problèmes du groupe avec CBS.
La carrière musicale des Clash se distingue par la fidélité de ses membre à leurs principes. Ils s’efforcent d’appliquer leurs convictions et de sauvegarder leur indépendance et leur intégrité. Ils croient à la possibilité d’exister dans cette société tout en restant en marge du système dominant, et attaquent les valeurs de la civilisation occidentale au niveau de la musique.

 

Pendant les années 1980, la scène musicale rock a changé, manifestant des préoccupations humanitaires et pacifistes, ainsi en Grande-Bretagne, le punk perd sa raison d’être. Dans ce contexte, les Clash développent un style original, enrichi d’autres cultures opprimées, leur son devient plus universaliste, plus accessible.

 

 En 1979 paraît le plus important de leurs albums : " London Calling " qui produit l’effet d’une bombe, on ne compte plus le nombre l’éloges de la part des critiques à son sujet. Cet album suscite des débats passionnés entre les admirateurs acharnés des Clash et les anciens fans qui s’indignent du nouveau son jugé trop " propre ". Il est clair que le groupe a amélioré la qualité de sa musique et peu à peu leur image et leur attitude par rapport au mouvement punk se transforme. La période punk est révolue pour eux mais ce n’est pas pour autant qu’ils trahissent leur esprit contestataire, les textes sont toujours aussi agressifs, le message politique devient plus réfléchi et plus profond. Selon eux, le rôle politique du musicien rock est celui d’un " conducteur d’idées ", ils obligent à la réflexion et à l’action, et ils considèrent la vie comme un combat permanent.

 

 

 

En 1981 les Clash sortent un triple album intitulé " Sandinista " en référence à la révolution des Sandinistes au Nicaragua. Il contient des chansons telles " Stop the World " qui soutient la campagne pour le désarmement nucléaire, " The Call Up ", qui dénonce l’institution du service militaire et invite à la désertion, ou encore " Washington Bullets " qui rappelle les interventions armées des Etats-Unis dans la répression des révolutions latino-américaines et qui ensuite attaque les tentatives d’impérialisme et de violence étatique, comme l’intervention des Soviétiques en Afghanistan ou la répression au Tibet par les Chinois. Dans " Charlie Don’t Surf " on remarque l’esprit anti-américain prédominant (" Africa is choking on their Coca-colas "). En dépit de leur succès commercial, les Clash continuent à chercher à communiquer avec un public marginal. Ils sont considérés comme généreux et atteignent le sommet de la popularité dans le monde entier.

 

Culpabilisés par leur succès américain, les Clash s’acharnent à défendre les valeurs musicales et politiques du rock, pourtant ces derniers révolutionnaires n’ont plus leur place dans l’Angleterre de 1983. Joe Strummer et Paul Simonon ont le sentiment que Mick Jones s’éloigne de l’idée originelle du groupe et l’expulsent.

 

C’est donc l’homogénéité des convictions et du vécu politique des membres du groupe qui a forgé son identité et a permis son succès. Le mariage d’un message politique en vers avec un rythme musical qui excède en force et en expressivité le pouvoir du texte, peut communiquer un message politique.
Les Clash sont restés fidèles à leurs conceptions, autant au niveau de leurs chansons qu’à celui de leur attitude à l’égard du public et du monde du show-biz.
 
Une citation de Joe Strummer illustre bien le fait que le rock peut jouer un rôle politique non-négligeable : " The Clash est un groupe de communication. Je ne me permettrai jamais d’écrire n’importe quelle connerie dans un de mes textes. Nous sommes musiciens, nous avons une fonction, des responsabilités. Le rock’n’roll ne changera sûrement rien par lui-même, mais il est un formidable moyen d’expression. "
 
 
Principale source : Le Rock, aspects esthétiques, culturels et sociaux : " L’engagement politique des Clash ", Katerina Flora.

Publié dans Groupes-Artistes

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B
<br /> le groupe clash restera dans la légende du rock ,je crois bien que je vais écouter<br /> white riot, tout une époque. <br /> <br /> <br />
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C
Je fais aussi un blog avec que des groupes de rock, si tu veux bien y faire un tour et si tu veux bien j'vais te mettre dans mes liens... alors tiens-moi au courant !<br /> PS: j'adore The Clash surtout London Calling et surtout surtout surtout I fought The Law !!!
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L
ça me ferait evidemment plaisir de figurer dans tes liens. J'admire aussi Joan Baez, une personnalité remarquable (on s'en rend bien compte avec ses quelques apparitions dans "No Direction Home" de Scorsese).Difficile de ne pas remarquer le talent des Clash, on y prend vite gout! 
K
tres interessant comme article. moi j'adore sandinista et notament le morceau "corner soul"
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L
Merci pour la remarque, mais c'est qu'il y a de la matiere à travailler, un parcours unique!
P
J'adore ce groupe ! J'aime beaucoup leur chanson '" London Calling " et leur chanson " Faught The Law " qui est anti-racisme vraiment j'admire !
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L
Oui, c'est une des grandes qualités de ce groupe, engagé et fidele à ses valeurs. Je suis contente que tu partage cet avis, a bientot !
S
T'as bien raison, Milena ;-)Et la jeunesse a du talent, mdr...Je dis ça comme si j'avais 45 ans...
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