Wraygunn à l'Aéronef de Lille

Publié le par Lauriane

Nous sommes le 3 mai 2006 et voici l’Aéronef de Lille, « un lieu sans gravité » : expression reflétée sur un rideau au fond de la salle, nous verrons dans peu de temps qu’elle qualifie à merveille l’aventure musicale à laquelle nous allons participer…

La première partie est assurée par M(or)ange, groupe français composé de quatre faux frères. Le chanteur apparaît, costard et lunettes noires sont de rigueur. Celui-ci nous affirme d’office qu’il va nous raconter « la grande escroquerie du rock’n’roll ». Les premiers accords retentissent et l’on découvre des paroles à première vue recherchées, dans un anglais certes un peu fragile. Les membres du groupe font preuve d’un dynamisme très appréciable, le guitariste pince ses cordes avec frénésie (on aperçoit au passage sa boucle à l’oreille gauche, datant probablement de sa jeunesse punk), le chanteur adopte tout au long du concert un air hargneux, il laisse échapper quelques cris félins… Puis nous annonce que son « Chien s’appelle Huguette », non sans joie d’apprendre cette nouvelle, on ne décroche pas de son discours. Il poursuit et nous fait part de la manière dont il a été touché par un fait divers qui a justement eu lieu dans le Pas-de-Calais : un jeune homosexuel brûlé vif par deux jeunes dans la rue… Sur ce il nous prie de nous munir de notre carte électorale très prochainement, ça peut se révéler utile. Le show se termine avec autant de vigueur, plutôt réussi en somme.

 

 

 



Nous attendons avec impatience Wraygunn, prévu à 21h40, lorsque enfin les six acolytes (venus de Coimbra, Portugal, pour la tournée de leur premier album « Ecclesiastes 1.11 ») arrivent devant nos yeux pétillants, nous les accueillons chaleureusement (comme les lillois savent bien le faire). Nous découvrons peu à peu les visages des musiciens, qui se cachaient dans la pochette de l’album, Joao Doce, le percussionniste à la carrure impressionnante nous offre un sourire sincère, Paulo Furtado (chant/guitare) fait durer le mystère en laissant son regard imperceptible derrière ses lunettes fumées, au fond, Francisco Correia s’occupe du scratch.

 

 

 

La charismatique Raquel Ralha entonne « There but for the Grace of God » de sa voix envoûtante, on reprend avec elle, l’émotion monte doucement, intimement… Et « Soul City, here we go ! », le rythme s’accélère, l’ambiance se fait très chaude. Selma Uamusse, une choriste noire (on situe plus facilement le timbre et le coffre de la personne n’est-ce pas ?) se joint aux autres, impossible alors de ne pas percevoir les vibrations qui se dégagent et nous percutent intensément. Le groupe enchaîne avec « Don’t you know ? », on ne pensait pas s’emporter d’une manière aussi enjouée (enfin, pour ce qui est du fond de la salle c’est moins enthousiasmé), et c’est pourtant le cas.

 Paulo Furtado a un jeu qui s’oriente presque vers le psyché, puis on entend les claquements de mains qui introduisent « Keep on Praying », le scratch assure l’originalité du morceau. Vient ensuite « Drunk or Stoned » fidèle à son titre, accompagné d’un show halluciné, la voix trafiquée de l’ex Legendary Tiger Man¹ ajoute au côté métallique du son. On a pu également remarquer les influences Soul, Gospel, afro-américaines de Wraygunn (dont la signification du nom reste confuse pour moi, serait-ce en hommage à Link Wray ?). C’est maintenant l’occasion d’écouter attentivement les quelques paroles de « How long, how long », composition où retentit le mot « Blues », on signalera au passage que Paulo Furtado est un disciple de Jon Spencer (du Blues Explosion). Difficile de revenir les pieds sur Terre (la gravité malgré tout…) mais il semble que nous sommes à mis chemin de notre aventure, il faut faire de notre mieux pour tenir le groupe aussi longtemps que possible ; Raquel et les autres lancent un « We don’t need no music, everybody clap your hands ! » le public participe et les artistes sont toujours aussi convaincants en retour.

 

Certains ont dit que Wraygunn pourrait participer au revival rock de nos temps², et le voilà qui enchaîne devant nos tympans interpellés le fameux « You Really Got Me » des Kinks. Le chanteur fait même dans l’ironie en nous avertissant qu’une chanson « très calme » va suivre, pour se déchaîner quelques mesures plus tard… notamment avec « Juice » et « Speed Freak ». Raquel et le percussionniste s’essayent à quelques pas de danse, ces deux là paraissent vraiment s’amuser. Le Tiger Man descend de scène, traverse la salle et demande à certains ce dont ils ont besoin pour être « happy », quelques brèves réponses le contenteront (« The sun is shining today ! », « Music ! » etc…) lorsqu’il remonte, ce rockeur incontesté se désaltère (qui sait, une coutume de son univers) avec l’eau qu’il a versé dans sa chaussure gauche, puis nous donne sa réponse : parfois pour être heureux, il lui faut sa guitare, ou bien « a woman… ». Un moment assez mémorable qui s’achève sur une ultime reprise « My Generation » des Who.

¹ Groupe formé il y a six ans, dont Paulo Furtado est le leader. Album : “Fuck christmas, I got the blues” (mars 2005)
² Voir Les inrockuptibles, Juin 2005


Publié dans Concerts Live

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K
wraygunn, c vraiment tres fort, et dire qu'ils sont passés à 30 km de chez moi et que le savais même pas sniff
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L
J'espere que tu auras une prochaine occasion d'aller voir Wraygunn durant leur tournée, car ça vaut vraiment le détour...En voila un groupe qui se donne à fond!
M
Un nouvel article, un nouvel article, un nouvel article !
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S
Hello!Je t'ai mis en "pub" sur ma première page de blog... ;-)A+SysTooL
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L
ça m'a fait plaisir de voir ça oui ! malheureusement je mets pas très souvent d'article en ligne, il faudrait que je prenne le temps de le faire.<br /> encore merci! <br /> A bientôt
F
cool comme avatar, Janis...
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S
Le design avait un air familier, en effet... Joli travail de Dom, comme d'habitude...
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